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Les Rencontres
du Fleuve et de la Mer

à Port Saint Louis du Rhône, les 16-17 & 18 juillet 2004

2004, année du Centenaire, célèbre le lien entre la tradition et le renouveau de la ville.

LES RENCONTRES  

PROGRAMME

ORGANISATION – INSCRIPTIONS

LES BATEAUX INSCRITS

DOSSIER D'INSCRIPTION


 

BRISEÏS
Cutter Camper & Nicholson - 1930
Le premier voilier à moteur électrique

"Les chantiers Camper & Nicholson ont livré l'été dernier, à M. Louis Renault, un yacht dont les plans ont été établis par ces chantiers et dont la partie mécanique et électrique a été étudiée et réalisée par la Société anonyme des usines Renault.
Le propriétaire désirait avoir un bateau d'assez faibles dimensions pour être facilement manœuvré par deux hommes.
Ce bateau devait être très marin, car il était destiné à naviguer dans les parages des îles Chausey, où la mer est souvent dure, mais, néanmoins, conserver autant que possible les qualités d'un racer, c’est-à-dire : être rapide sous voiles, manœuvré aisément, en un mot être "amusant " à barrer.
De plus, le propriétaire désirait des logements suffisamment confortables pour pouvoir loger éventuellement quatre passagers et deux matelots.
Le problème ainsi posé était difficile à résoudre, car la solution ne pouvait résulter que d'un compromis bien étudié entre les contradictions contenues.”
“LE YACHT” - Mai 1931

La revue " Le Yacht" de Mai 1931, annonçait au travers d'un long article la sortie de ce bateau d'exception.
Il y est décrit avec force louanges, et détails sur une innovation pour l'époque due au génie de Renault :
un moteur électrique de propulsion.

Caractéristiques
CAMPER & NICHOLSON. Cutter Marconi
Année construction : 1930
Modèle unique répertorié sous le N° 136,
Conçu spécialement pour le constructeur automobile Louis RENAULT.

Longueur hors tout : 14,15 m. Longueur pont : 12,30 m. Maître bau : 3,00 m. Flottaison : 9,40 m
Tirant d'eau : 1,90 m Tirant d'air : 17,00 m Jauge 9,30 Tonneaux Poids lège : 12,5 T.

Bordé en teck de Birmanie sur membrures chêne d'Angleterre riveté.
Mat :17,50 m. spruce 2 étages de barres de flèche
Garde-Robe : Onze voiles :
Moteur Renault Couach in board 55 cv

Historique
Louis RENAULT, le Directeur - fondateur des usines automobile RENAULT commande BRISEÏS au plus célèbre chantier de l'époque, Camper & Nicholson, à Portsmouth.
Ingénieur et chercheur infatigable, il le dote d'une motorisation électrique de son invention. Il ne lésine pas sur la qualité des matériaux et les compétences, utilisant ce qu'il y a de plus performant, un magnifique teck de Birmanie pour la coque, et les équipes de pointe de ses usines pour la motorisation.
Une absence totale de renseignements sur la période 1936 -1948 laisse cependant penser que le bateau voit son mat en bois se changer en une perche métallique, et disparaître le bout-dehors.

Que devient-il pendant la guerre ? À qui appartient-il ?
S'il était encore dans les îles Anglo-Normandes, on peut rêver qu'il a aidé à l'évasion de Français vers l'Angleterre ou, au contraire, qu'il a été réquisitionné par quelque Obersturmbahnführer pour ses menus plaisirs, peut être les deux ?
Un roman à écrire ?

En 1952, le voilier est racheté par un connaisseur : Gaston THUBÉ, le champion olympique de voile en 6 mètres J.I. des jeux de Stockholm. Parent des familles BOLLORÉ et PINEAU-VALENCIENNE, il invitait sa famille à naviguer sur BRISEÏS et l’on peut voir sur la photo ci-contre les neveux, dont l'un deviendra PDG de Schneider, posant dans le cockpit et sur la plage arrière.

En 1959, BRISEÏS est racheté par Monsieur PALANQUE, expert maritime, et est transféré en Méditerranée, à Marseille, dont il ne quittera plus la Société Nautique jusqu’en 1997.
Il récupère son bout-dehors, et navigue depuis la côte Provençale dans toute la Méditerranée.
En 1968, il est acquis par l’architecte marseillais Bernard LAVILLE qui en partagera la propriété avec divers copropriétaires, jusqu’en 1984.
Sa passion pour BRISEÏS est telle qu’une anecdote mérite d’être relatée : Confronté à des problèmes passagers, il vend BRISEÏS et le rachète six mois plus tard à son propre acheteur.

En 1980, Bernard LAVILLE cède 50 % de ses parts à un industriel Parisien Alain LEBATARD, parts que Daniel IMBERT acquiert le 15 avril 1985 à la suite d'un véritable coup de foudre pour ce bateau
(Voir article de la revue "Loisirs Nautiques").

La vie en copropriété avec Bernard sera exemplaire, grâce à un contrat très clair et précis, mais aussi et surtout à notre passion pour ce bateau. Chaque dérogation acceptée aux termes de la convention était comme un cadeau à l'autre copropriétaire, formule souple financièrement qui a l'avantage lorsque l'on s'entend bien de permettre des navigations plus lointaines, l'un faisant le trajet aller, l'autre le retour. S'ouvrent alors des horizons plus étendus que l'Espagne et les Baléares.

Enfin, en 1985, le bateau demandant du muscle, et Monsieur LAVILLE prenant de l'âge, il me cède la totalité de ses parts.
J'inaugure cette pleine propriété en faisant participer BRISEÏS au rallye Tunisien La Grande Motte-El Kantaoui. Les années suivantes nous verront en Corse, Sardaigne, Minorque.

En 1990, mon bateau remporte le trophée GIC de la dernière Coupe Phocéa.
Ce sera plus tard la ronde du Frioul, l'hydro's cup avec un équipage de jeunes de l'École Nationale de la Marine Marchande, etc

Mais un bonheur total est toujours menacé, et le 26 août 1992, un court-circuit sur la vieille installation électrique provoque un incendie annihilant des centaines d'heures de travail.
Le pont, complètement décollé, était à refaire (CP, teck, vernis); certains barrots et barrotins à remplacer; une membrure à doubler; les circuits 12V et 220V à reconstruire (tableau circuits, lampes); les aménagements intérieurs à reconstituer; toutes les durites, fils et câbles, tuyaux et faisceaux électriques du moteur à remplacer; ainsi que les matelas et dossiers; quatre voiles ont fondues; enfin toute l'électronique et le matériel de sécurité a brûlé.
J’ai pleuré. J'ai failli tout abandonner!
Après nettoyage, je me suis aperçu que l'essentiel, la coque était saine et parfaitement intacte, ainsi que les superstructures, gréements, accastillage, etc... Cela me redonnant du courage, soutenu moralement par tous mes amis, j’ai décidé de recommencer et de sauver BRISEÏS.
Après un an et demi de remise en état, BRISEÏS a repris la mer avec un pont en teck neuf, une nouvelle étanchéité, des circuits remis en état, le moteur RENAULT COUACH réparé. Il est vrai que je n'ai manqué en cette occasion, ni d'appui de mon assurance, ni d'aide amicale, ni de dévouement bénévole, notamment d’un jeune officier de marine marchande et sa compagne, d'amoureux de cette coque.
Commence alors pour BRISEÏS, jusqu'aujour-d'hui, une période de rénovation capitale, notamment de gros travaux de structure, qui lui redonne une nouvelle jeunesse pour soixante-dix nouvelles années. Pourquoi pas ?
Chaque été le voit à nouveau sillonner la Méditerranée et participer à La Nioulargue, au rallye La Grande Motte-El Kantaoui, au trophée de Port-Grimaud, aux Voiles de Saint Tropez, à la Latina Cup, au raid Bonaventure, en plus des manifestations de rade Marseillaise : Vire-vire, ronde du Frioul, Acampado, rassemblement Avenir Traditions Marines ...

En Tunisie, BRISEÏS servira de cadre de tournage de deux films publicitaires.

En 1996 il sillonne la rade de Marseille et les îles du Frioul dans le film de Josée Dayan “Une clinique au soleil” avec à son bord Pierre Arditi, Evelyne Bouix, Julie Depardieu, Bernard Verley ...

Il pourrait être à ce jour classé monument historique sans difficulté, mais son propriétaire craint, pour l’instant, les contraintes liées à ce statut, mais aussi et surtout, les démarches à effectuer.

Le rêve enfin : étudier pour BRISEÏS une nouvelle motorisation dans l'esprit de celle prévue par Louis RENAULT, une motorisation électrique, mais avec le bénéfice de tous les progrès acquis depuis 1930 dans le domaine des moteurs électriques et des batteries.
Daniel IMBERT cherchant un ou des partenaires passionnés par ce défi, démontre que ce moyen de motorisation secondaire est parfaitement adapté à nos voiliers et à leurs postes d’amarrage équipés de prises de nos ports, aux recharges possibles par éolienne, ou dynamo entraînée par l’arbre d’hélice tournant à vide lorsque le bateau marche sous voile, à l’entretien des batteries par cellules photo voltaïques etc ...

BRISEÏS à l’avant-garde de la plaisance du XXI° siècle ? Pourquoi pas ?

Orientations
Les travaux en cours consistent à rapprocher BRISEÏS de son état d'origine, en évitant toutefois certains excès de l'époque qui rendaient ces bateaux difficiles à manœuvrer seul, voire dangereux (absence de pataras, les bastaques seules retenant le mat en arrière, bout-dehors inaccessible, bôme dépassant le tableau arrière).
Autre priorité évidente : motorisation électrique.

Où rencontrer BRISEÏS ?
Sur l’eau, lors des manifestations de vieux gréements.
BRISEÏS, tous vernis dehors, peut se faire admirer sur la panne des bateaux de tradition à Port Frioul.